dimanche 5 octobre 2014

Edward Carter

Edward Carter Partie 1 La Découverte




Je suis le neveu d'Edward Carter connu pour ses études et son sérieux archéologique,
Et qui défraya les chroniques récemment par ses actes jugés irréfléchis et irréparables,
Attribués à la folie qui s'empara de lui avant de le trouver mort pendu dans la maison familiale.
Après avoir relu ses journaux intimes et mené ma propre enquête,
J'écris cet article à fin de couper court à ces rumeurs infondées et rétablir la vérité.
Tout débuta après sa découverte d'un temple troglodyte dans un canyon de l'ancienne Mésopotamie,
Datant de trois milles ans avant Jésus-Christ, à l'époque des premières dynasties égyptiennes.
Je vais vous rapporter ses écrits, provenant de son journal de bord :

Nous trouvâmes le temple un peu avant midi dans une région aujourd'hui aride.
Une série d'escaliers taillés à même la roche montait jusqu'à une entrée béante et sombre,
Située à environ quarante pieds de hauteur, sur une face incroyablement lisse,
Et dépourvue de toute autre ouverture, laissant seul le pourtour de la cavité, finement gravé
De silhouettes écœurantes, indiquant un degré d'artisanat élevé réservé à une élite restreinte.
Le passage relativement étroit n'en semblait que plus haut, nous l'estimâmes à 10 pieds.
Malgré les assauts du vent et du temps les contours étaient encore bien conservés,
Et notre dessinateur put les reproduire sans trop de difficulté.
En bas, assis comme deux gardiens, à la posture canine,
Figuraient des êtres aux traits résolument humains pourvues d'une queue longue et fine,
Mais au visage sans face, garni seulement d'une gueule aux dents acérées.
Au dessus, des flammes stylisées amenaient des symboles rares aux connotations maléfiques,
Qui avaient été répertoriés jusqu'à présent uniquement sur des pendentifs et talismans,
Datant des premières dynasties égyptiennes nous permettant de supposer l'âge ancestral du temple.
Nous décidâmes de faire le plein d'énergie avant de nous attaquer à l'intérieur mystérieux.
Après une pause repas méritée, munis de torches, nous pénétrâmes dans l'enceinte sacrée.





Edward Carter Partie 2
Le Temple




L'intérieur, sombre et poussiéreux, était humide et frais.
Une odeur désagréable de profondeur stagnait dans les pièces.
En face de l'entrée, un long couloir, ouvrant sur quatre salles,
Réparties équitablement de chaque coté, débouchait sur un escalier impressionnant,
Aux degrés étroits obligeant une descente presque verticale.
Les pièces de cet étage, identiques entre elles, faisaient penser à des chambres,
Où les prêtres se paraient d'ornements déroutants, encore présents et bien conservés,
Avant d'officier leurs ancestrales cérémonies aujourd'hui oubliées.
L'état presque inchangé des ces atours paraissait impossible dans cette humidité.
Seules la poussière et les toiles d'araignées témoignaient d'un passé incroyablement lointain.
Une fois l'inspection terminée, nous nous lançâmes dans la descente infernale,
Si longue qu'elle nous coupa de toute notion du temps.
Au bout d'un moment, qui parut a tous interminable, installant une inquiétude insensée,
Nous arrivâmes dans une cavité tellement immense que la lueur de nos cinq torches,
Ne suffisait qu'à éclairer une partie infime de cette cathédrale souterraine.
Là, nous décidâmes de nous lier, nous et le stalagmite le plus proche de l'entrée,
À un fil d'Ariane que nous jugeâmes d'une longueur suffisante pour débuter l'exploration.
Les couloirs et les salles étaient établis par l'abattage des colonnes de calcaire millénaires,
Donnant la forme voulue aux espaces, aménagés de meubles inquiétants.
Les trois premières salles étaient, à n'en point douter, des chambres de torture et de supplice,
Décorées d'instruments terrifiants et imprégnées encore de la peur et des douleurs des victimes.
Deux autres étendues, vidées de leurs stalagmites, avaient une hideuse ressemblance
Avec les salles d'embaumements égyptiennes, et leurs outils sensés apporter la vie éternelle dans l'au-delà, pleines d'urnes contenant des organes humains momifiés.
Nous nous attendions à trouver une multitude de sarcophages et de tombeaux,
Mais, au centre d'un cercle immense, affublé sur sa périphérie de nombreux bacs,
Contenant encore une graisse inflammable, que nous nous gardions bien d'allumer,
trônait un abîme des plus noirs d'où émanait une odeur pestilentielle.
Notre dessinateur lança une pierre qui se fit dévorer dans le silence total.
Aucun écho ne raisonna, nous laissant horrifiés.
Puis nous récoltâmes de nombreuses statuettes effrayantes et des plaques d'argile précieuses,
Gravées d'une écriture cunéiforme non sans rappeler celle de l'antique Uruk.
Nous repartîmes, escaladant l'escalier millénaire, nos besaces et sacoches pleines d'un trésor hideux.
Notre séjour archéologique touchant à sa fin, nous notâmes précisément l'itinéraire conduisant au temple inquiétant et préparâmes nos valises en direction du muséum de Boston.

Ici s'arrête le journal de bord de la dernière expédition de mon oncle.
Cependant l'étude des plaques d'argile, des statuettes et des dessins de l'équipe continua aux États-Unis, et Edward compila soigneusement sa descente dans la folie et la terreur face aux écœurantes révélations tirées des différents documents historiques et véridiques qui furent détruits par la suite.





Edward Carter Partie 3
La Folie




Ainsi, mon oncle mit au jour le culte impie pratiqué dans cet ancestral temple sumérien.
Inéluctablement la folie s'imprégna dans l'esprit d'Edward, par des rêves insidieux,
Puis des visions troublantes de réalisme et plus perturbantes que les pires cauchemars.
Bien évidemment les autorités n'accordèrent pas le moindre intérêt aux sujets de sa démence.
C'est pour cette raison que je me dois d'achever les dernières volontés d'un archéologue déchu,
Et rétablir, en sa mémoire, son honneur, son sérieux et sa dévotion à la science.
J'écris cet article après avoir retrouvé et scellé l'entrée infâme vers ces profondeurs maléfiques,
Et après avoir minutieusement détruit toute preuve pouvant faire renaître et perdurer le culte infernal, que mon oncle n'avait pu réduire en cendres trop terrifié par des représailles divines.
Grâce à son étude approfondie des écritures cunéiformes, il eut la description détaillée,
Hideuse mise en scène, des préparations nécessaires pour les sacrifices humains
Destinés à un dieu stupide, retenu prisonnier aux tréfonds d'un abîme sans lumière,
Attendant patiemment le jour de sa libération, où il remontera des ténèbres
Pour régner par la peur et le sang sur une terre préparée par ses adorateurs et futur lieutenants.
Au fil des révélations une voix bien moins qu'humaine s'adressa à lui la nuit,
Lui ordonnant la remise en état et la reprise des activités malsaines du temple antique.
Promis au pouvoir, il devait rassembler un contingent d'adorateurs et pratiquer des sacrifices écœurants, sous peine d'un tourment éternel où à chaque lever et coucher de lune il subirait les dites tortures sans jamais trouver la mort libératrice.
C'est au bout du troisième mois de souffrances qu'il alluma un incendie destructeur, et protecteur à la fois, de la partie du muséum où se trouvaient stockées toutes les tablettes et statuettes provenant de l'ancienne Mésopotamie.
Puis, préférant être certain de sa mort définitive, il mit fin à ses jours au bout d'une corde,
Seul dans la maison familiale après avoir rédigé une note à mon intention.
Il mourut sous les critiques et les moqueries de ses collègues, destitué de son statut de professeur.
À présent c'est à mon tour de faire taire les dernières preuves inscrites dans ses journaux.
Mais déjà, je le crains, une voix abyssale s’immisce la nuit au fond de mes rêves.
Je fais part ici de mon inquiétude grandissante quant au futur de ma santé mentale,
Et vous prierai d'être indulgent et compréhensif à mon égard.
J'ai peur d'en avoir trop appris et de n'avoir guère le choix entre la servitude ou la mort,
Et j'espère opter pour le bon au moment venu, sinon vous savez ce qu'il vous reste à faire.
Tuez moi.



Aimeric Lerat (Hangsvart) tous droits réservés
07/09/2014 

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