Edward
Carter Partie 1 La Découverte
Je suis le
neveu d'Edward Carter connu pour ses études et son sérieux
archéologique,
Et qui
défraya les chroniques récemment par ses actes jugés irréfléchis
et irréparables,
Attribués à
la folie qui s'empara de lui avant de le trouver mort pendu dans la
maison familiale.
Après avoir
relu ses journaux intimes et mené ma propre enquête,
J'écris cet
article à fin de couper court à ces rumeurs infondées et rétablir
la vérité.
Tout débuta
après sa découverte d'un temple troglodyte dans un canyon de
l'ancienne Mésopotamie,
Datant de
trois milles ans avant Jésus-Christ, à l'époque des premières
dynasties égyptiennes.
Je vais vous
rapporter ses écrits, provenant de son journal de bord :
Nous
trouvâmes le temple un peu avant midi dans une région aujourd'hui
aride.
Une série
d'escaliers taillés à même la roche montait jusqu'à une entrée
béante et sombre,
Située à
environ quarante pieds de hauteur, sur une face incroyablement lisse,
Et dépourvue
de toute autre ouverture, laissant seul le pourtour de la cavité,
finement gravé
De
silhouettes écœurantes, indiquant un degré d'artisanat élevé
réservé à une élite restreinte.
Le passage
relativement étroit n'en semblait que plus haut, nous l'estimâmes à
10 pieds.
Malgré les
assauts du vent et du temps les contours étaient encore bien
conservés,
Et notre
dessinateur put les reproduire sans trop de difficulté.
En bas, assis
comme deux gardiens, à la posture canine,
Figuraient
des êtres aux traits résolument humains pourvues d'une queue longue
et fine,
Mais au
visage sans face, garni seulement d'une gueule aux dents acérées.
Au dessus,
des flammes stylisées amenaient des symboles rares aux connotations
maléfiques,
Qui avaient
été répertoriés jusqu'à présent uniquement sur des pendentifs
et talismans,
Datant des
premières dynasties égyptiennes nous permettant de supposer l'âge
ancestral du temple.
Nous
décidâmes de faire le plein d'énergie avant de nous attaquer à
l'intérieur mystérieux.
Après une pause repas méritée, munis de torches, nous
pénétrâmes dans l'enceinte sacrée.
Edward
Carter Partie 2
Le
Temple
L'intérieur,
sombre et poussiéreux, était humide et frais.
Une odeur
désagréable de profondeur stagnait dans les pièces.
En face de
l'entrée, un long couloir, ouvrant sur quatre salles,
Réparties
équitablement de chaque coté, débouchait sur un escalier
impressionnant,
Aux degrés
étroits obligeant une descente presque verticale.
Les pièces
de cet étage, identiques entre elles, faisaient penser à des
chambres,
Où les
prêtres se paraient d'ornements déroutants, encore présents et
bien conservés,
Avant
d'officier leurs ancestrales cérémonies aujourd'hui oubliées.
L'état
presque inchangé des ces atours paraissait impossible dans cette
humidité.
Seules la
poussière et les toiles d'araignées témoignaient d'un passé
incroyablement lointain.
Une fois
l'inspection terminée, nous nous lançâmes dans la descente
infernale,
Si longue
qu'elle nous coupa de toute notion du temps.
Au bout d'un
moment, qui parut a tous interminable, installant une inquiétude
insensée,
Nous
arrivâmes dans une cavité tellement immense que la lueur de nos
cinq torches,
Ne suffisait
qu'à éclairer une partie infime de cette cathédrale souterraine.
Là, nous
décidâmes de nous lier, nous et le stalagmite le plus proche de
l'entrée,
À un fil
d'Ariane que nous jugeâmes d'une longueur suffisante pour débuter
l'exploration.
Les couloirs
et les salles étaient établis par l'abattage des colonnes de
calcaire millénaires,
Donnant la
forme voulue aux espaces, aménagés de meubles inquiétants.
Les trois
premières salles étaient, à n'en point douter, des chambres de
torture et de supplice,
Décorées
d'instruments terrifiants et imprégnées encore de la peur et des
douleurs des victimes.
Deux autres
étendues, vidées de leurs stalagmites, avaient une hideuse
ressemblance
Avec les
salles d'embaumements égyptiennes, et leurs outils sensés apporter
la vie éternelle dans l'au-delà, pleines d'urnes contenant des
organes humains momifiés.
Nous nous
attendions à trouver une multitude de sarcophages et de tombeaux,
Mais, au
centre d'un cercle immense, affublé sur sa périphérie de nombreux
bacs,
Contenant
encore une graisse inflammable, que nous nous gardions bien
d'allumer,
trônait un
abîme des plus noirs d'où émanait une odeur pestilentielle.
Notre
dessinateur lança une pierre qui se fit dévorer dans le silence
total.
Aucun écho
ne raisonna, nous laissant horrifiés.
Puis nous
récoltâmes de nombreuses statuettes effrayantes et des plaques
d'argile précieuses,
Gravées
d'une écriture cunéiforme non sans rappeler celle de l'antique
Uruk.
Nous
repartîmes, escaladant l'escalier millénaire, nos besaces et
sacoches pleines d'un trésor hideux.
Notre séjour
archéologique touchant à sa fin, nous notâmes précisément
l'itinéraire conduisant au temple inquiétant et préparâmes nos
valises en direction du muséum de Boston.
Ici s'arrête
le journal de bord de la dernière expédition de mon oncle.
Cependant l'étude des plaques d'argile, des statuettes
et des dessins de l'équipe continua aux États-Unis, et Edward
compila soigneusement sa descente dans la folie et la terreur face
aux écœurantes révélations tirées des différents documents
historiques et véridiques qui furent détruits par la suite.
Edward
Carter Partie 3
La
Folie
Ainsi, mon
oncle mit au jour le culte impie pratiqué dans cet ancestral temple
sumérien.
Inéluctablement
la folie s'imprégna dans l'esprit d'Edward, par des rêves
insidieux,
Puis des
visions troublantes de réalisme et plus perturbantes que les pires
cauchemars.
Bien
évidemment les autorités n'accordèrent pas le moindre intérêt
aux sujets de sa démence.
C'est pour
cette raison que je me dois d'achever les dernières volontés d'un
archéologue déchu,
Et rétablir,
en sa mémoire, son honneur, son sérieux et sa dévotion à la
science.
J'écris cet
article après avoir retrouvé et scellé l'entrée infâme vers ces
profondeurs maléfiques,
Et après
avoir minutieusement détruit toute preuve pouvant faire renaître et
perdurer le culte infernal, que mon oncle n'avait pu réduire en
cendres trop terrifié par des représailles divines.
Grâce à son
étude approfondie des écritures cunéiformes, il eut la description
détaillée,
Hideuse mise
en scène, des préparations nécessaires pour les sacrifices humains
Destinés à
un dieu stupide, retenu prisonnier aux tréfonds d'un abîme sans
lumière,
Attendant
patiemment le jour de sa libération, où il remontera des ténèbres
Pour régner
par la peur et le sang sur une terre préparée par ses adorateurs et
futur lieutenants.
Au fil des
révélations une voix bien moins qu'humaine s'adressa à lui la
nuit,
Lui ordonnant
la remise en état et la reprise des activités malsaines du temple
antique.
Promis au
pouvoir, il devait rassembler un contingent d'adorateurs et pratiquer
des sacrifices écœurants, sous peine d'un tourment éternel où à
chaque lever et coucher de lune il subirait les dites tortures sans
jamais trouver la mort libératrice.
C'est au bout
du troisième mois de souffrances qu'il alluma un incendie
destructeur, et protecteur à la fois, de la partie du muséum où se
trouvaient stockées toutes les tablettes et statuettes provenant de
l'ancienne Mésopotamie.
Puis,
préférant être certain de sa mort définitive, il mit fin à ses
jours au bout d'une corde,
Seul dans la
maison familiale après avoir rédigé une note à mon intention.
Il mourut
sous les critiques et les moqueries de ses collègues, destitué de
son statut de professeur.
À présent
c'est à mon tour de faire taire les dernières preuves inscrites
dans ses journaux.
Mais déjà,
je le crains, une voix abyssale s’immisce la nuit au fond de mes
rêves.
Je fais part
ici de mon inquiétude grandissante quant au futur de ma santé
mentale,
Et vous
prierai d'être indulgent et compréhensif à mon égard.
J'ai peur
d'en avoir trop appris et de n'avoir guère le choix entre la
servitude ou la mort,
Et j'espère
opter pour le bon au moment venu, sinon vous savez ce qu'il vous
reste à faire.
Tuez moi.
Aimeric Lerat (Hangsvart) tous droits réservés
07/09/2014
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