mercredi 17 juin 2015

Mr.Boyld

Je rapporte ici les détails d'une enquête qui fut censurée pour le plus grand nombre et pour le bien de notre civilisation. Je ne sais pas si mes écrits pourront me sauver, j'en doute, mais je me dois de prévenir la population.
Toutes les preuves formelles ont été supprimé minutieusement. Il ne reste aucune photo et, dans mon ultime sursaut de bon croyant, toutes les vidéos ont été effacées.
En effet j'étais le seul à être en possession des preuves visuelles originales.
J'occupais le poste d'enquêteur principal dans cette affaire qui défraya les chroniques il y a quelques mois de cela. Les journaux en firent leur une pendant une bonne semaine. Mais leurs accès aux informations étaient contrôlé et très peu, même au gouvernement ou à la police, ont su autre chose que ces titres vendeurs.
Les autorités ont veillées rapidement à porter le doute sur un acte de cannibalisme immonde.
Tous y ont cru.
Mais je ne peux plus me taire.
Ma vie fut condamnée dès mes premiers pas dans ces égouts abandonnés.
C'est moi qui a enregistré ces vidéos. C'est moi qu'elles ont vu à la suite de l'arrestation du maintenant renommé Mr.Boyld.
Je tente de garder mon calme et de contrôler ma respiration.
Cet infirmier quinquagénaire ne s'emparait pas des habitants de la morgue uniquement pour lui.
Je pense que nous ne saurons jamais si il a réellement prit part aux festins nécrophages qui ont été pratiqué dans les ombres sous nos rues et nos maisons.
Était il protégé de la mort par sa folie ?
Ou, comme je le crains, avait-il perdu toute humanité en goûtant la viande humaine qu'il se procurait ?
Je vois d'ailleurs en cela, mon unique chance de survie.
Et sa folie n'était elle pas simplement le résultat de cet acte de barbarie ?
Me condamnerais-je moi même à la folie ?
Ou aurais-je le courage de mettre fin à mes jours ?
Il y a encore de nombreuses découvertes à mettre au jour.
Je ne saurais expliquer ces choses rationnellement.
Mais elles existent.
Je ne sais pas si la suppression de la vidéo fut une bonne chose.
Mais qu'importe, maintenant, j'en suis là.
Boyld savait qu'il était condamné et qu'il ne pouvait pas s'en sortir.
Il m'a tendu un piège pour que je continue son œuvre.
C'est à vous maintenant de les éliminer.
En pièce jointe de cet article, une carte vous indiquera l'entrée exacte de l'ancien tunnel.
N'y pénétrez pas !
Sous aucun prétexte !
Sinon, mon sacrifice aura été vain.
Détruisez tout. Brûlez tout.
Je ne sais comment vous devriez vous y prendre.
Je n'ai plus âme à concevoir de tels stratagèmes.
Ce que j'ai vu …
Mon Dieu …
Ces immondices pourrissantes …
Leur visage presque humain. Ce … ces cavités plus profondes qu'aucune nuit.
Ils n'y avaient plus d'yeux, seulement deux précipices, emplis de haine et d'une faim cauchemardesque.
Leur corps humanoïdes, aussi maigres que des cadavres, aussi sombres que le pétrole.
Et la texture de leur peau … Pâteuse et collante.
Dégageant une puanteur affreuse.
Une infection telle que mon bras, là où l'une d'entre elle me toucha, se nécrosa, dégorgeant un liquide purulent.
Aujourd'hui amputé, et comme marqué au fer rouge, mon moignon n'a pas perdu cette couleur de suif.
Leur voix, ce chuintement gutturale, mi-articulé mi-gargouillé, ne cesse de résonner en moi.
Mes nuits ne sont plus que cauchemars, et mes jours, terreur.
Ces créatures, ces engeances du chaos !
Elles ont besoin d'un intermédiaire. L'époque où elles pouvaient sortir et arpenter nos rues à la lueur de la lune est révolue. Depuis des siècles désormais, elles se terrent ici, contaminant un être suffisamment vaillant pour leur apporter leur nourriture odieuse.
C'est ici que Mr.Boyld joue son rôle.
Depuis vingt ans il chassait pour elles.
Nombre de disparitions restent irrésolues chaque année.
Et lorsque sa chasse était infructueuse, il profanait la morgue de son hôpital.
C'est ainsi que nous l'avons démasqué.
La presse ne parla que de la petite dizaine de cadavres disparus.
Mais je pense qu'il est la cause de plusieurs centaines de disparitions.
Il n'est peut être pas le seul à s'occuper de ce réseau nécrophage.
Quoi qu'il en soit ces choses doivent être détruites !
Leur existence est un danger !
Ces créatures pullulaient dans ces tunnels abandonnés.
Grand Dieu, elles sont peut-être déjà assez fortes pour sortir seules.
Je ne suis pas sûre mais … il y a des ombres qui rôdent près de moi.
La nuit quand je sens leur présence.
Il y a trois jours je suis arrivé en panique sur le seuil de ma maison.
Je ne suis plus ressortis depuis. Et la nuit je veille.
Mon jardin entier est couvert de pourritures. Mes fleurs sont mortes.
Mes arbres fruitiers sont morts. Ma pelouse est noirâtre.
Tout ceci ne peut-être que dû à leur présence.
C'est pourquoi je n'envisage même plus de subvenir à leur besoin.
Je pense être perdu.
Une fois que mon article sera paru sur ce blog à usage unique, je mettrais fin à ma vie.
Je suis sûr qu'elles retournent à chaque levé de soleil dans leur antre.
Je vous en supplie brûlez tout !
Je regarde une dernière fois la photo de mon fils.
Et prends mon courage à deux mains.


Aimeric Lerat (Hangsvart) tous droits réservés 
16/06/2015