Je rapporte ici les détails d'une
enquête qui fut censurée pour le plus grand nombre et pour le bien
de notre civilisation. Je ne sais pas si mes écrits pourront me
sauver, j'en doute, mais je me dois de prévenir la population.
Toutes les preuves formelles ont été
supprimé minutieusement. Il ne reste aucune photo et, dans mon
ultime sursaut de bon croyant, toutes les vidéos ont été effacées.
En effet j'étais le seul à être en
possession des preuves visuelles originales.
J'occupais le poste d'enquêteur
principal dans cette affaire qui défraya les chroniques il y a
quelques mois de cela. Les journaux en firent leur une pendant une
bonne semaine. Mais leurs accès aux informations étaient contrôlé
et très peu, même au gouvernement ou à la police, ont su autre
chose que ces titres vendeurs.
Les autorités ont veillées rapidement
à porter le doute sur un acte de cannibalisme immonde.
Tous y ont cru.
Mais je ne peux plus me taire.
Ma vie fut condamnée dès mes premiers
pas dans ces égouts abandonnés.
C'est moi qui a enregistré ces vidéos.
C'est moi qu'elles ont vu à la suite de l'arrestation du maintenant
renommé Mr.Boyld.
Je tente de garder mon calme et de
contrôler ma respiration.
Cet infirmier quinquagénaire ne
s'emparait pas des habitants de la morgue uniquement pour lui.
Je pense que nous ne saurons jamais si
il a réellement prit part aux festins nécrophages qui ont été
pratiqué dans les ombres sous nos rues et nos maisons.
Était il protégé de la mort par sa
folie ?
Ou, comme je le crains, avait-il perdu
toute humanité en goûtant la viande humaine qu'il se procurait ?
Je vois d'ailleurs en cela, mon unique
chance de survie.
Et sa folie n'était elle pas
simplement le résultat de cet acte de barbarie ?
Me condamnerais-je moi même à la
folie ?
Ou aurais-je le courage de mettre fin à
mes jours ?
Il y a encore de nombreuses découvertes
à mettre au jour.
Je ne saurais expliquer ces choses
rationnellement.
Mais elles existent.
Je ne sais pas si la suppression de la
vidéo fut une bonne chose.
Mais qu'importe, maintenant, j'en suis
là.
Boyld savait qu'il était condamné et
qu'il ne pouvait pas s'en sortir.
Il m'a tendu un piège pour que je
continue son œuvre.
C'est à vous maintenant de les
éliminer.
En pièce jointe de cet article, une
carte vous indiquera l'entrée exacte de l'ancien tunnel.
N'y pénétrez pas !
Sous aucun prétexte !
Sinon, mon sacrifice aura été vain.
Détruisez tout. Brûlez tout.
Je ne sais comment vous devriez vous y
prendre.
Je n'ai plus âme à concevoir de tels
stratagèmes.
Ce que j'ai vu …
Mon Dieu …
Ces immondices pourrissantes …
Leur visage presque humain. Ce … ces
cavités plus profondes qu'aucune nuit.
Ils n'y avaient plus d'yeux, seulement
deux précipices, emplis de haine et d'une faim cauchemardesque.
Leur corps humanoïdes, aussi maigres
que des cadavres, aussi sombres que le pétrole.
Et la texture de leur peau … Pâteuse
et collante.
Dégageant une puanteur affreuse.
Une infection telle que mon bras, là
où l'une d'entre elle me toucha, se nécrosa, dégorgeant un liquide
purulent.
Aujourd'hui amputé, et comme marqué
au fer rouge, mon moignon n'a pas perdu cette couleur de suif.
Leur voix, ce chuintement gutturale,
mi-articulé mi-gargouillé, ne cesse de résonner en moi.
Mes nuits ne sont plus que cauchemars,
et mes jours, terreur.
Ces créatures, ces engeances du
chaos !
Elles ont besoin d'un intermédiaire.
L'époque où elles pouvaient sortir et arpenter nos rues à la lueur
de la lune est révolue. Depuis des siècles désormais, elles se
terrent ici, contaminant un être suffisamment vaillant pour leur
apporter leur nourriture odieuse.
C'est ici que Mr.Boyld joue son rôle.
Depuis vingt ans il chassait pour
elles.
Nombre de disparitions restent
irrésolues chaque année.
Et lorsque sa chasse était
infructueuse, il profanait la morgue de son hôpital.
C'est ainsi que nous l'avons démasqué.
La presse ne parla que de la petite
dizaine de cadavres disparus.
Mais je pense qu'il est la cause de
plusieurs centaines de disparitions.
Il n'est peut être pas le seul à
s'occuper de ce réseau nécrophage.
Quoi qu'il en soit ces choses doivent
être détruites !
Leur existence est un danger !
Ces créatures pullulaient dans ces
tunnels abandonnés.
Grand Dieu, elles sont peut-être déjà
assez fortes pour sortir seules.
Je ne suis pas sûre mais … il y a
des ombres qui rôdent près de moi.
La nuit quand je sens leur présence.
Il y a trois jours je suis arrivé en
panique sur le seuil de ma maison.
Je ne suis plus ressortis depuis. Et la
nuit je veille.
Mon jardin entier est couvert de
pourritures. Mes fleurs sont mortes.
Mes arbres fruitiers sont morts. Ma
pelouse est noirâtre.
Tout ceci ne peut-être que dû à leur
présence.
C'est pourquoi je n'envisage même plus
de subvenir à leur besoin.
Je pense être perdu.
Une fois que mon article sera paru sur
ce blog à usage unique, je mettrais fin à ma vie.
Je suis sûr qu'elles retournent à
chaque levé de soleil dans leur antre.
Je vous en supplie brûlez tout !
Je regarde une dernière fois la photo
de mon fils.
Et prends mon courage à deux mains.
Aimeric Lerat (Hangsvart) tous droits réservés
16/06/2015
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