Le Village En Ruines
Tout
commença à la fin de mon voyage dans la vieille Europe.
Après
avoir visité de nombreux villages pluricentenaires,
Il
ne m'en restait qu'un, absent de tous les guides touristiques,
Dont
même les anciens avaient oublié le nom.
Les
jeunes ne le connaissaient plus, les marchants itinérants
l'évitaient,
Seuls
quelques rares et aventureux étrangers s'y risquaient,
Après
une laborieuse collecte d'histoires auprès des habitants,
Suffisamment
désespérés par leur vie morne pour en parler,
Car,
disait-on, la folie guette ceux qui pensent trop à cet endroit.
Malgré
tout je réussis à obtenir quelques précieux renseignements.
L'ancienne
citée était bien plus vieille que n'importe quelle maison du pays,
On
me dit que ses pierres provenaient d'une carrière souterraine,
Que
leur couleur rouge sombre était dûe à la proximité de l'enfer
d'où elles étaient extraites.
Désormais
elle n'est plus qu'un vaste champ de ruines recelant de nombreux
trésors occultes.
Mais
selon les plus audacieux, des lumières y brillent encore lors des
nuits sans lune.
Et
des chants auraient été écoutés, inspirant l'effroi et la
révulsion,
Face
à un langage connu d'aucun aux accents caverneux et gutturaux.
Étant
au courant des abus de boissons fortes et des superstitions communes
à ces régions,
Je
pensais pouvoir y découvrir des sujets intéressants pour mon
mémoire en arts et cultures anciennes.
Décidé
à partir pour la journée visiter cette étrange cité abandonnée,
J'arrivai
sur les lieux, non sans difficultés, relativement tôt,
Et
pus me mettre à la recherche d'objets divers dans les décombres.
Les
roches impressionnantes dont étaient bâtie les maisons me firent
frissonner,
On
aurait dit qu'elles étaient recouvertes d'une couche de sang épais.
Je
ne trouvais hélas pas beaucoup de débris intéressants,
Et
décidai de m'enfoncer plus profondément entre les constructions
cyclopéennes.
L'air
était lourd et chargé d'une odeur de décomposition et de moisi.
Certains
bâtiments, au cœur de la cité, étaient encore en assez bon état,
Et
il me semblait que les chemins de terre entremêlés avaient été
empruntés récemment.
Je
suivis les traces qui me menèrent à une large place avec en son
centre,
Un
petit abri, semblable à un caveau, d'une couleur plus sombre encore.
Je
pénétrai à l'intérieur découvrant une mystérieuse ouverture
donnant sur un escalier invisible.
Descendant
avec prudence les marches en colimaçons, tâtonnant contre les murs
humides,
Des
pensées étranges s'insinuèrent dans mon esprit jusque là
tranquille.
Une
peur insidieuse naquit alors que j'arrivais à ce qui semblait être
le fond.
Arrêté,
presque suffocant, des visions hideuses s'imprimèrent dans ma tête.
Accompagné
de leurs cris atroces je voyais des enfants et des jeunes femmes
enchaînés,
À
qui on arrachait la peau au fer rouge, puis séparait au couteau les
muscles des os,
À
la lumière mystique de bougies éparses sur un sol luisant de sang
et d'excréments.
Les
faibles lumières traçaient un passage vers l'autel où était
offert la viande ainsi obtenue.
Le
bloc sacré arborait une statue massive d'une créature mythologique,
Aux
ailes membraneuses incrustées sur un corps mou se finissant en une
multitude de tentacules,
et
surmonté d'une tête humaine sans yeux, au nez creux et à la bouche
affublée de deux mandibules.
Extirpé
soudainement de mes hallucinations par un cri terrorisant,
Que
je ne décryptai qu'après un court instant :
Une
jeune fille appelait à l'aide traînant des chaînes sur le sol nul.
Avant
de pouvoir reprendre le contrôle de mes membres,
Quelque
chose tomba lourdement sur moi, son contacte humide et visqueux,
déclencha
ma course effrénée hors de ce caveau sans âge, loin de ces ruines
maudites.
Je
m'effondrai à bout de force, autant physique que psychique,
Dans
les feuilles mortes et la terre fraîche d'une forêt.
Je
réussi à reprendre mes esprits, pensant que tout ne fut
qu'hallucinations.
Une
fois debout, je vis sur le sol où j'étais affalé, des marques
rouges.
Mon
regard apeuré se tourna sur mes vêtements recouverts de sang.
Empli
de folie et de terreur je fus retrouvé nu et hébété errant à la
lisière d'une forêt.
On
me transféra à l'asile de ma ville natale après une recherche
difficile de mon identité.
Je
vous remercie professeur pour l'intérêt et le sérieux que vous
portez à mon état,
Et
j'espère que mes confessions vous aideront dans vos travaux sur
l'occultisme du vieux continent.
Aimeric Lerat (Hangsvart) tous droits réservés
07/09/2014
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire