Aleister
Wayne
Mon ascendance me fut
longtemps cachée par mes gouvernantes et le personnel médical,
Qui, fréquemment,
m’examinait et m’auscultait, parfois dans des conditions bien
étranges.
On m'autorisait seulement
à savoir que mes parents, désormais décédés,
Possédaient une fortune
non négligeable qui entretenait tout ce
monde,
Logé dans la maison
familiale dont j'hériterais
un jour.
Dès l'age de six ans on
m'interdit tout contact avec l'extérieur,
M'inculquant des notions
bien inhabituelles pour un jeune enfant.
Mes professeurs
m’incitaient à développer mon monde intérieur et à laisser
libre cours à mon
imagination, qui bourgeonna rapidement me permettant de supporter une
vie de solitude.
Cependant, cela me
déclencha de violents maux de tête, qui s'intensifièrent au fil
des années,
Jusqu'à nécessiter une
intervention chirurgicale vers mes dix ans.
Les médecins m'apprirent
que je fus trépané pendant la nuit,
Et que désormais
je n'aurais plus jamais mal
au crâne.
Ils installèrent une
plaque de métal pour obstruer le trou pratiqué,
Mais on me défendit
formellement d'y toucher et tous les jours,
Une infirmière venait la
nettoyer et vérifier qu'il n'y avait aucune infection.
Ils m'assurèrent que ma
créativité hors normes n'en serait que démultipliée.
Les cours de théologie
que je suivais, en plus des matières habituelles comme les langues,
les sciences et l'histoire-géographie, devinrent de plus en plus
portés sur l'occulte et le
mysticisme.
J'assistais stoïquement à
mon éducation aux arts noirs de l'humanité.
Je perçus
rapidement que je n'étais qu'une expérience d'une secte diabolique.
Au début de mon
adolescence j'élaborais
des plans pour m'évader du manoir de plus en plus terrifiant,
qui, à cause de mon imagination, paraissait presque vivant.
La demeure était entourée
d'un bois dense, légèrement marécageux,
Et je compris bien vite
que toute tentative serait vouée
à l’échec.
Mes gardiens ne tentèrent
rien pour m’empêcher de fuir,
Et semblaient prendre un
malin plaisir à lire l'angoisse dans mes yeux.
À seize ans le premier
incident, inévitable, ravit tout le monde.
Une bonne fut mise en
pièces sauvagement
alors qu'elle nettoyait ma chambre,
Soudainement plongée dans
l'obscurité suite à une coupure de courant étonnante.
Ses membres rongés furent
séparés du tronc et ses boyaux suspendus au lustre,
Laissant pendre la
carcasse ensanglantée encore palpitante.
J'étais alors présent,
tranquillement allongé
sur mon lit, plongé dans la lecture d'un livre ancien.
Bien sûr je ne vis rien
lors du démembrement, mais entendis tout.
Et ces bruits répugnants
allaient me suivre de plus en plus fréquemment.
Les coupures de courant
devinrent hebdomadaires,
On tenta de me faire
croire à des affaissements de terrain écrasant les câbles.
Je n'étais pas dupe et
savais que tout ça n'était que des tests.
Mes soi-disant
médecins tentaient d'ouvrir un portail vers les enfers,
Dont j'étais la clé
vivante et indispensable.
Dégoûté
de mon existence, je n'avais pas même la possibilité d'y mettre
fin.
Alors j'essayais de
contrôler les forces auxquelles
j'étais lié.
C'est ainsi que je pus
voir pour la première fois en pleine lumière,
Ce qui se passait lors de
ces coupures de courant meurtrières.
Du trou dans mon crâne
s'échappaient des ombres monstrueuses et carnassières.
Une fois sorties
il leur fallait absolument de quoi se nourrir pour perdurer,
Et une zone d'ombre
suffisamment épaisse pour les accueillir.
Il s'en suivit quelques
vrais accidents, me procurant un plaisir malsain.
Grâce à leurs
expériences et aux miennes, où je résistais volontairement lors de
leurs invocations,
Pour empêcher toute
apparition sur des temps plus ou moins longs,
Je compris aisément que
les ombres voulaient sortir,
Et plus je résistais plus
lors de leur sortie elles étaient nombreuses et déchaînées.
À vingt-trois ans je
réussis à les contenir
pendant huit mois,
Dans l'intention infernale
de me libérer définitivement de cette secte monstrueuse.
Le nombre de gouvernantes
et de médecins avait
sensiblement diminué au
fil des ans,
Et la nuit de Walpurgis, à
la lune favorable, m'autorisa à déverser les enfers
Dans ce vieux manoir au
passé sordide et au futur impensable.
Cela réussit
si bien que des débris de corps humains se retrouvèrent
éparpillés un peu partout dans chaque pièce me laissant des
surprises macabres pendant plusieurs semaines.
Depuis les murs résonnent
des cris inhumains de mes
anciens geôliers lors des nuits les plus noires.
Les démons hantent encore
la vieille bâtisse et moi, animé d'une vie qui ne m'appartient
plus,
Je déambule de ma
silhouette lugubre dans les longs couloirs abandonnés.
Aimeric Lerat (Hangsvart) tous droits réservés
23/09/2014
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